10.24.2012

C't'une fois un gars...




C’est l’histoire d’un gars comprends-tu… À moins que ce soit l’histoire d’une belle-mère? Ou, d’un newfie, ou d’un roux.

Tout compte fait, c’est peut-être l’histoire d’un politicien. Mieux encore, d’une femme politicienne. Dans tous les cas, cette personne est blanche, d’âge moyen, de taille moyenne, de poids moyen et n’a aucun ancêtre juif ou musulman. Aussi loin qu’on puisse remonter.

Toujours est-il que cette personne fumait. Depuis des années, et ce, même si elle collectionnait les images de grosses dents jaunes avec des gencives qui saignent et celles de poumons noircis sur ses paquets de cigarettes.

Roger-Rogère (c’est comme ça que j’ai décidé d’appeler la « personne ») se traine aujourd’hui par terre parce qu’elle a pogné un cancer. Lequel? Le cancer de toutte, de toutte ce que tu peux pogner quand tu fumes. Dans le jargon médical on appelle ça le cancer des trous. Dans la bouche, dans l’anus, dans le nez, dans les oreilles aussi! Bref, dans tous les trous des cheveux aux pieds.

Faut croire que les photos montrant des morceaux d’humain pourris sur les paquets étaient trop subtils pour la personne et que, malgré la mise en garde, « Fumer est nocif pour la santé », la notion de danger est restée floue pour elle.

Est-ce que c’est la faute de Roger-Rogère si elle a le cancer des trous? En s’exposant comme ça aux substances toxiques de la cigarette, en prenant le risque conscient de subir les effets secondaires et d’en faire abstraction pour profiter du plaisir qu’elle avait à fumer, disons que la personne n’est pas innocente. Même si elle a le droit d’être en criss.

La beauté de la chose, c’est que Roger-Rogère n’est pas si fâchée que ça. Au départ, oui, elle l’était. Parce que le cancer des trous, ça fait mal quand tu parles, quand tu chantes, quand t’entends de la musique, même quand tu manges des muffins. Surtout les muffins au son parce qu’ils te font mal à deux trous. C’est ça la vie avec le cancer des trous et c’est le risque que la personne a pris quand elle a commencé – et continué – à fumer.

C’est comme… le risque que tu prends d’être exposé aux commentaires des autres quand tu fais un métier public. Je veux dire, disons un métier public au sens de gagner sa vie sous les follow spots. Être juste là en dessous de la grosse lumière depuis que tu t’es inscrite et que t’as presque remporté un concours de popularité. T’es là parce qu’on ta jugée, sous toutes tes coutures, ta voix comme ton look (tsé, ça s’peut que c’était la styliste à Céline Dion qui t’habillait pour rehausser tes chansons).  C’est pas une obligation de se faire juger, mais ça vient avec la job. Poche, mais c’est ça.

Quand un gars dont le métier est humoriste lance un spectacle qui s’appelle Cinglant, qu’il fait dans ce même spectacle une joke insultante sur un personnage public, nonobstant la qualité de la blague (drôle ou pas) … ça reste de l’humour.

De qui ou de quoi peut-on rire au Québec, en 2012? Normal de se poser la question. Certainement, si la joke transcende le malaise et surtout si le gars ou la fille qui met le feu assume ce qui est dit. Peut-être qu’on prend le problème à l’envers. Peut-être qu’on devrait réfléchir à qui ou quoi dicte les limites de l’humour au Québec.

Chose certaine si ce « qui ou quoi » était une chroniqueuse qui auvait oublié de voir le spectacle avant d’envoyer ses blagues à l’index, ce serait drôlement « malaisant ». Surtout qu’au final, rappelons-nous que jamais une joke, même ben méchante, n’a causé un jour le cancer des trous.


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